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Chronique 22, lundi 12 octobre 2020

« Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Il n’y a rien à inventer, tout est à lire. Mon livre de chair s’ouvre et je dessine dans le noir. Le texte de L’Apocalypse est près de moi depuis que l’ange a sonné de la trompette et m’a mis ce texte entre les mains. « Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui est écrit en elle, car le temps est proche. » Le temps est Maintenant pour celui qui découvre l’éternel dans l’instant. Passé, présent et futur se confondent dans la brèche qu’ouvre mon corps vers l’au-delà des mots : le silence, cette source. 

Que chaque parole que je prononce transforme le cours des choses ou ne soit pas. « On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve ». Que le temps soit vivant, toutes fois pour toutes. 

Je veux danser le livre de la vie commençant par une chute et avec le Verbe, recouvrir ma verticalité. J’ai écrit ce mot dans ma main et je t’ai montré l’intérieur de ma paume quand ce mot est arrivé au fil de la conversation. Nous étions à la « Buvette des Cygnes » fermée, il pleuvait dans le parc, l’orage avait grondé. Après la pluie, tu as dit en commentant le calme que nous y étions pour quelque chose. Oui, je veux y être pour quelque chose dans le presque rien de la réalité. « La réalité est le feu et dire la vérité signifie aimer et brûler ». Je veux voler au-dessus des flammes et des effondrements dans le temps messianique sans cesse en train d’arriver. 

De mon navire-sanctuaire, entend ma prière. 

J’ai mangé tant de livres, je laisse tout sortir de moi, et ne retiens plus rien dans mes bras et face à mon cœur. Tout est à l’intérieur, je le sais, je l’ai compris. Ta voix vient de partout et pourtant d’une seule source. Je suis prête à me taire, à laisser parler, sortir de la logique, voir, voir avec l’œil du dedans. 

Je cherchais des outils pour dessiner, j’ai demandé : « Donnez-moi quelque chose pour que j’en ai plein les mains ». Que des formes émergent du chaos de mon être abandonné à la musique. 

Aujourd’hui « le vierge, le vivace, le bel aujourd’hui », j’ai senti l’eau salée couler et se mêler à mes traits. 

Tout commence dans l’eau puis monte comme le feu vers le ciel. 

 

Sacha Steurer 

 

Citations dans l’ordre d’apparition - L’Apocalypse de Saint Jean, Héraclite, Leo Schefer, Stéphane Mallarmé.




 

 

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