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Articles

Affichage des articles du octobre, 2019

Chronique 3, samedi 26 octobre 2019

Dimanche 20 octobre 2019, après avoir dansé toute la nuit et dormi quelques heures, je vais faire une lecture. L’ami qui m’accueille chez lui à Mosset, petit village des Pyrénées orientales où se trouve le festival où j’interviens, me raconte son rêve à notre petit-déjeuner tardif. Il répète et répète cette phrase de Saint François d’Assise qui était présente dans son voyage nocturne.  « Ne retenez pour vous rien de vous » . Cette phrase circule dans tous les sens dans mon cerveau encore balloté par tous les mouvements de danse de la nuit, par mes essais de tournoiement à la façon des derviches, le regard ne se fixant nulle part, le corps comme un appartement traversant avec une ouverture à l’est, une ouverture à l’ouest, la lumière du soleil se frayant son passage sans obstacles au travers. Puis, il me livre l’intégralité de la citation :  « Ne retenez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entier, celui qui se donne à vous tout entier ».  Mon souffle est coupé. J’estime

Chronique 2, jeudi 17 octobre 2019

Il y a une semaine, attablée au café dehors, le soleil rayonnant, je lisais les « Derniers fragments d’un long voyage » de Christiane Singer tandis qu’un homme me demanda étrangement si la table à côté de la mienne était libre. Aucun signe ne montrait que j’aurais pu occuper cette table si ce n’est l’hypothèse faite que ma présence à moi-même, remplie d’amour par cette lecture puisse déborder sur la table d’à côté. J’étais peut-être en train de lire ces quelques mots :  « Il n’y a pas d’existence qu’il s’agirait de dépasser, un quotidien qu’il faudrait à tout prix surmonter. Tout au contraire, c’est de tout son corps qu’il faut y entrer, de tout son Eros. Toute démarche spirituelle est avant tout un bain de matière. Matière et prière sont un. »  Quand je lis cette femme, je sens ce qu’on peut appeler un « taux vibratoire » dans mon corps, s’élever. La simplicité d’écriture dont elle fait preuve me fait penser à une phrase du poète Joë Bousquet dans ses carnets où il décrit une façon d

Chronique 1, lundi 7 octobre 2019, du bateau sous les toits

La conscience des ténèbres à l’intérieur de mon corps, de toutes les couches épaisses et invisibles qu’il constitue, de la grotte immense, est revenue. Elle m’avait quittée en même temps que le Printemps avait fait éclore toutes ses fleurs violemment pour me laisser en paix pendant l’été avec la chaleur et les couleurs. La vision attentive aux « Enfers » en suspens. J’ai laissé pendant plusieurs mois reposer « Penser un corps épuisé » d’Uni Kunichi sur la danse d’Hijikata et je le reprends depuis hier. Hijikata se laisse envahir par des images comme l’enfant se fait envahir par le monde, « se fait danser » avant de danser, écrit-il.   « Il fait noir en moi ». Cinq mots prennent possession d’un corps mis en mouvement par la force d’une l’image. « Il fait noir en moi ». Et avant d’accomplir cette danse dans six jours, vivre cette phrase le plus souvent possible dans la vie quotidienne : en marchant, en respirant, en parlant, en se lavant, en mangeant… Observer comment cet imagin