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Articles

Affichage des articles du novembre, 2019

Chronique 7, vendredi 29 novembre 2019

« Ecrire c’est défendre la solitude dans laquelle on se trouve ; c’est une solitude qui nécessite d’être défendue, ce qui veut dire qu’elle nécessite une justification. L’écrivain défend sa solitude en montrant ce qu’il trouve en elle et uniquement en elle. » Maria Zambrano,  Pourquoi on écrit  Comme un peintre laisse reposer sa toile avant de revenir dessus et d’accomplir le dernier geste, juste avant d’écrire la chronique d’un seul jet, je laisse reposer les lectures que j’ai décidé d’évoquer ce jour. Depuis ce matin, tendue vers cet instant, j’ai préparé l’atelier. Pendant la semaine, je me laisse aller à toutes les nouvelles entrées dans le labyrinthe, je vais à la réserve de la grande bibliothèque de la ville « le Silo moderne », un peu chez Fabrice aussi au « Plaisir du texte », je prends quelques notes puis la veille ou le jour venu d’écrire  la justification de ma solitude , je compose la constellation de livres autour de laquelle s’articulera l’article. Aujourd’hui, e

Chronique 6, samedi 23 novembre 2019

Mes bras sont dans une position d’ouverture quand je tiens un livre dans mes mains. Le livre, face à moi, est tenu à peu près au niveau de mon cœur avec la distance nécessaire pour voir les écritures. Il y a là, comme toute relation à deux, trois entités - moi, le livre, et la relation entre lui et moi – celle-ci se crée dans cet espace entre mon cœur et les pages qui se tournent. De la lecture à la danse à deux, il n’y aurait qu’un pas. Lecture le jour, danse la nuit, ma semaine a ressemblé à cela. Il faut dire que la nuit tombe tôt maintenant. J’ai dormi aussi.  Quand je lis, je suis dans un recensement constant de citations en référence à des recherches précises qui se recoupent évidemment mais que je distingue. Pour chaque recherche, un cahier, un cahier = un espace de recherche. A ce jour, il y en a 4 : Le Temps, le Vide, la prière en littérature, la beauté. Aujourd’hui, je vais organiser ma chronique selon ces 4 axes et vous faire part des découvertes de cette semaine dans c

Chronique 5, jeudi 14 novembre 2019

Nous sommes contenus à l’intérieur des œuvres que nous aimons. C’est la réflexion que je me fais en voyant mon reflet dans le tableau qui m’a éblouie ce matin en déambulant dans l’exposition « Penser en formes et en couleurs » actuellement au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Cette œuvre est sans titre mais fait partie d’une série dont le nom est en soi un poème : « Les jardins du vide ». J’aime l’idée que cette œuvre fasse partie d’une série qui ne m’est pas dévoilée ; cela agrandit son vide et son mystère, son espace.  En commençant ma chronique par cette phrase « Nous sommes contenus à l’intérieur des œuvres que nous aimons », je pense à une phrase de Christiane Singer que j’ai déjà cité ici mais dont je ne me lasse pas :  « Nous n’avons même pas à être reliés. Nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige ».  Je ne sais pas vous mais moi, je me sens souvent habitée par des phrases. Cela peut durer longtemps parfois, des mois.

Chronique 4, vendredi 8 novembre 2019

L’écriture a cette vertu : elle intensifie chaque phénomène. Les lectures et leurs chemins se multiplient comme des petits pains et dans un entrelacement de plus en plus complexe depuis que j’ai commencé l’écriture de ces chroniques il y a un mois.  En danse, on parle de « chercher les passages » pour passer d’un mouvement à un autre mouvement. Du point de vue de la lecture, je travaille cet art-là, celui de trouver de la fluidité dans le passage d’une lecture à une autre. En danse, on parle encore de « lier ».  Au sol, dans mon bateau sous les toits, il y a actuellement une dizaine de livres placés en dominos. Je lis parfois 5/10 pages d’un livre, puis d’un autre, cela crée un collage entre différentes œuvres dans mon esprit. La lecture comme je la vis est un acte de création et je me mets en état d’être inspirée comme pour choisir d’aller à gauche ou à droite quand je me promène ou voyage. Il n’y en réalité aucune règle. Je peux aussi être embarquée par une seule lecture et