Puis je m’allonge la tête qui tourne, trop de force aujourd’hui dans les bras, le bassin et les pieds, je m’allonge et je vois les hirondelles circulant avec grâce dans le ciel. Demain je tenterai à nouveau ma chance de danser avec elles. Alors les livres comme consolation pour traverser les eaux ; une indication pour me diriger jusqu’à demain : Marcher simplement. Progresser sans blâme[1]. Marcher dans les chemins de papiers, de cartons, d’images et de livres dans l’appartement en prenant appui sur les silences stables où les illusions s’enfuient et en rêvant de vergers, c’est maintenant depuis le temps, le temps des cerises. « Verger : ô privilège d’une lyre / de pouvoir te nommer simplement ; / nom sans pareil qui les abeilles attirent, / nom qui respire et attend… »[2] Les livres se multiplient, je suis pourtant toujours concentrée sur le Rien. Rien est la force qui renoue le monde[3]. Voici la phrase avec laquelle j’avance parmi les silences le cœur des livres ouverts. A table ! J’ai faim de véritables nourritures. Où trouver la force vitale pour dessiner ?[4] Les drogues fatiguent, les nuits s’épuisent, l’amour est capricieux, seul le vide chaque jour que dieu fait est au rendez-vous j’ai choisi d’en faire mon époux, le vide où circule tout. Il y a tant d’auteurs que j’aimerais citer que j’abandonne, il y a tant de fruits que j’aimerais dévorer comme une sauvageonne. « Peut-être que si j’ai osé t’écrire / langue prêtée, c’était pour employer / ce nom rustique dont l’unique empire / me tourmentait depuis toujours : Verger. » Alors comme consolation au bavardage ennuyant du monde ou à l’échec d’une danse, les mots des écrivains pleins d’une substance silencieuse et profonde, les livres comme guides d’orientation (Eternité, retrouve moi) qui nous lisent parfois davantage que nous les lisons.
Sacha Steurer
Commentaires
Enregistrer un commentaire